Un mariage GSM-Internet a été célébré et les mariés pourront recevoir les félicitations
et autres subtilités directement sur leur cellulaire via le WAP…
Le conflit récent entre nos pouvoirs publics et les opérateurs de téléphonie mobile représente une menace au développement de ce qui est considéré dans notre région comme fleuron de réussite technologique et commerciale.
Alors que nous assistons à des développements technologiques marquants nous permettant de garder une position dominante tant au point de vue du nombre d’utilisateurs que par la variété des services exploités, la pression exercée n’aura d’effet qu’une stagnation sinon une régression de l’exploitation des nouveaux moyens de communication.
Bien sûr, l’utilisateur privé subit, en premier, ces conséquences, mais pouvons-nous quantifier le manque à gagner engendré par la résistance des entreprises à investir dans ces nouvelles technologies ? La technologie WAP marque une avancée qui pourra se solder par la création de nouveaux comportements pour communiquer, créer de nouveaux services économiques (banques, commerce électronique…) et utilitaires (urgences, hôpitaux, administrations publiques…).
Au démarrage de la téléphonie portable, de nombreux gouvernements n’ont voulu prendre le risque d’engager les finances publiques dans une opération nécessitant un savoir-faire qui leur manquait. Pour parer à ces risques, des contrats de type BOT ont été signés avec les deux investisseurs privés que nous connaissons.
Actuellement, presque aucun pays dans le monde n’a voulu conserver cette forme contractuelle. En lieu et place, ils ont choisi les contrats sous licence qui garantissent à ces investisseurs une stabilité réglementaire et les poussent à investir dans les nouvelles technologies. L’avantage de ce type de contrat est de leur permettre d’établir et suivre leur plan de croissance sans risque d’ingérence inattendue exercé par les pouvoirs publics.
Le nombre d’utilisateurs libanais de téléphonie mobile atteint quelque 700 000, y compris les détenteurs des cartes prépayées, représentant un taux de pénétration d’environ 20 %. Le Liban reste le pionnier de cette technologie par rapport à ses pays voisins. En effet, leur taux de pénétration ne dépasserait pas les 5 %. Par contre, la France enregistre un taux de 55 %, l’Angleterre 50 % et enfin le record est atteint par la Finlande avec 70 %.
La saturation du nombre d’utilisateurs s’avère imminente. En effet, à part la limite du pouvoir d’achat, le nombre total de numéros attribuables ne peut dépasser les 900 000 avec une numérotation à 6 chiffres. Afin de parer à cette évolution, une numérotation à 7 chiffres devrait être planifiée dans les délais les plus brefs.
D’autre part, les caractéristiques du parc d’appareils portables employés ont peu évolué. Ainsi, depuis l’introduction de la deuxième génération (G2 soit le GSM, la première G1 représentant l’ancienne technologie analogique), l’offre des constructeurs a connu deux innovations : le bi ou multibandes et le WAP. Cette dernière technologie a été annoncée fin 1999 et n’a été disponible sur le marché qu’en juin 2000. Actuellement, le nombre d’appareils en exploitation disposant de la technologie WAP ne dépasse pas les quelques milliers d’unités.
Inventaire de la technologie
La presque-totalité du parc d’appareils est capable d’exploiter le service de messages courts (SMS – Short Message System) qui permet l’émission et la réception de textes ne pouvant dépasser 160 caractères. Introduite dès 1992, cette technologie a connu un essor fulgurant, puisqu’en 1998 on dénombrait plus de 30 millions d’utilisateurs réguliers dans le monde. Elle a rendu possible l’encodage, via le clavier du téléphone portable, de messages courts et leur expédition aux possesseurs d’appareils similaires, quelle que soit leur localisation géographique.
En 1999, les deux opérateurs locaux ont développé autour du SMS un service de courrier électronique (e-mail). Ce service permet d’échanger avec le réseau Internet les 160 premiers caractères de tout courrier électronique reçu dans une boîte à lettres privée détenue auprès de fournisseurs de services Internet (voir encadré).
Depuis quelques mois, nos opérateurs ont procédé aux essais de la technologie WAP (Wireless Application Protocol) en vue d’une mise en route imminente.
Naji Rizk, de la société MCSS (groupe Neatel), qui vient de lancer le premier service WAP au Liban appelé MobileNow, nous donne sa définition : «Le protocole WAP fournit un standard universel permettant d’avoir accès à l’Internet et à des services à valeur ajoutée à partir de téléphones mobiles ou d’autres appareils sans fil».
Comment fonctionne le WAP
Le protocole WAP permet d’exploiter le langage WML (Wireless Markup Language) constitué d’une série d’instructions permettant l’affichage de données et la navigation d’un texte à un autre au travers de liens établis entre certains mots d’un texte et un autre texte (page). Il s’agit de liens bien connus dans l’environnement Internet désignés par le vocable de “Liens Hypertexte”.
Pour illustrer ce cas, prenons l’exemple d’un propriétaire d’un téléphone portable disposant de la technologie WAP qui désire consulter les pages d’informations hébergées par MobileNow. La première étape consiste à souscrire auprès de son opérateur (Cellis ou LibanCell) à un abonnement pour une liaison Data. Ce service revient, actuellement, à 20 $ pour le premier et 10 $ pour le second par mois. À cela il faudra ajouter le coût de la communication facturée au prix de la minute en vigueur. Ensuite, il s’agira de souscrire à un abonnement auprès d’un fournisseur de service Internet. Actuellement, le coût mensuel varie entre 10 et 15 $ (ou même gratuitement via quelques banques).
Quant aux services offerts, ils couvrent une vaste palette de renseignements. Le contenu du site WAP de MobileNow offre au “WAPonaute” multiples informations dans les domaines suivants :
• Nouvelles : en provenance de l’AFP et bientôt d’un fournisseur local.
• Finances : couvrant la bourse américaine et les informations des échos.
• Grilles télé des chaînes libanaises.
• Grilles cinéma des deux principaux circuits libanais.
• Tourisme : guide des restaurants, des agences de location de véhicules, des taxis et des hôtels libanais.
• Adresses utiles : ambassades, compagnies aériennes, sociétés d’assurances, banques, numéros d’urgences, Croix-Rouge…
De plus, l’utilisateur pourra disposer d’une adresse e-mail lui permettant de consulter son courrier. En effet, à la différence de la lecture du courrier via le SMS, le texte pourra défiler en entier sur l’écran du portable quelle que soit sa taille.
Révolution
ou passage obligé ?
L’introduction de l’Internet dans la téléphonie mobile constitue une étape importante permettant de préparer les consommateurs (utilisateurs !) aux bouleversements technologiques à venir.
Les nouveaux services décrits ne nécessitent aucune modification des infrastructures investies par les opérateurs de téléphonie mobile, alors que le consommateur devra investir en un nouveau téléphone portable pour accéder aux services WAP, en plus des frais d’accès. Un appareil WAP coûte aux environs des 400 $, mais ce prix devra baisser rapidement.
La valeur ajoutée est principalement due aux efforts consentis par les fournisseurs de contenu : les fournisseurs de pages WAP, au stade actuel, offrent ce service gratuitement aux utilisateurs. De nombreuses sociétés et organisations pourraient offrir de tels services : fournisseurs d’infos, banques, administrations publiques et commerçants de tout genre.
La taille réduite de l’écran, l’aspect dépouillé du texte affiché, le nombre important de manipulations nécessaires pour atteindre l’information désirée et la limitation de la vitesse d’accès nous donnent cependant l’impression d’utiliser un ordinateur d’une génération largement dépassée à un coût non négligeable.
Pourtant, le meilleur est à venir. La nouvelle génération de portables supportera bientôt une nouvelle technologie : le GPRS (Global Packet Radio Service). Au même titre que le tant attendu ISDN, annoncé par le ministère des Postes et Télécommunications depuis plus de deux ans, il permet d’établir des liaisons Data à haut débit via le réseau fixe. Il sera ainsi possible d’incorporer les images dans le texte de nos portables en s’approchant de plus en plus des fonctionnalités de nos ordinateurs personnels. Cette technologie nécessitera peu d’investissements de la part des opérateurs.
La troisième génération G3 marque, quant à elle, une réelle révolution : UMTS (Universal Mobile Telecommunications System). Elle nous place résolument dans l’ère du multimédia. Le téléphone mobile sera capable d’échanger des données à une grande vitesse (2 000 Kbps). Cette machine à communiquer n’aura rien à envier à nos ordinateurs de bureau actuels. Elle sera capable d’intégrer des images et des sons (vidéophonie, photos…). Bien sûr, cette évolution a son prix à payer. Les licences UMTS sont attendues imminemment en Occident et en 2002 au Liban.
Avec l’UMTS, l’infrastructure technique des opérateurs deviendra désuète, de même que le parc de mobiles employés. Malgré que le passage de G2 à G3 se fera en douceur, la charge des investissements à consentir par ces derniers est d’autant plus importante que le passif dû à un amortissement insuffisant de la G2 est lourd.
Il faut noter, pour conclure, que la valeur ajoutée apportée à la nation par l’exploitation et le développement de ce type d’industrie ne se mesure pas, seulement, par le nombre d’emplois directs et indirects créés, mais aussi par la possibilité d’exporter notre savoir-faire dans des pays moins développés de la région. D’où des niches de marché à haute valeur ajoutée.