Si le Liban n’a jamais produit de voitures, ses start-up n’hésitent pas à se positionner en pionnières des applications destinées
au secteur de l’automobile. Coup de projecteur sur un segment
en plein essor.
Imaginez une voiture qui alerte elle-même les secours en cas d’accident ; une voiture qui prévient seule le garagiste d’une panne à venir ; une voiture qui rédige en temps réel la partie carburant de vos notes de frais. Avant la fin de l’année, les Libanais auront la possibilité de transformer n’importe quelle voiture en un véhicule intelligent grâce au boîtier Vinli. Fruit d’un partenariat entre l’entreprise fondée par le Libanais Mark Haidar en 2015 et l’opérateur mobile Touch, l’arrivée sur le marché de ce produit marque un tournant pour le secteur automobile.
« Il y a plus d’un milliard de voitures en circulation dans le monde, environ 600 000 au Liban. Ce parc automobile est en pleine mutation et ce qui est certain c’est que le stockage et l’analyse de données en temps réel jouent un rôle-clé. Les voitures d’aujourd’hui peuvent déjà être des voitures connectées », dit Mark Haidar, dont l’entreprise a attiré 6,5 millions de dollars d’investissements lors de sa première levée de fonds.
Selon les inventeurs du boîtier qui est déjà distribué aux États-Unis et à Bahreïn, il suffira de connecter l’appareil à la voiture pour que celle-ci ait accès au réseau Internet haut débit et à des dizaines d’applications spécifiquement développées pour servir les besoins du conducteur. Ces applications seront en partie développées par Touch et des développeurs locaux.
Car si les Libanais souhaitent se faire une place sur le marché fleurissant des voitures connectées, c’est surtout dans l’élaboration d’applications qu’ils ont un avantage compétitif.
De l’innovation centrée autour des applications
« Les Libanais qui développent des technologies de pointe sont souvent basés à l’étranger, car de telles innovations sont difficiles à partir du Liban. Le pays n’a ni les laboratoires ni l’expertise nécessaire, en fait nous sommes en retard en termes de recherche et développement. Par conséquent, les entrepreneurs libanais se tournent plus facilement vers des applications qui sont plus faciles à réaliser et peuvent s’exporter à travers le monde en un clic », dit Sami Abou Saab, directeur de l’incubateur Speed@BDD.
La voiture est l’un des champs de cette créativité. Certaines applications, à l’instar de Parkr ou plus récemment Spottr, proposent aux utilisateurs de trouver facilement une place de parking tandis que d’autres, comme BlinkMyCar, offrent des services de lavage de voiture à domicile en un clic. « Il y a cinq ans ce type de services dématérialisés n’auraient pas fonctionné sur le marché libanais, mais, aujourd’hui, l’utilisation du smartphone et le besoin de gagner du temps sont vraiment entrés dans les habitudes », dit Rami Hallal, cofondateur de BlinkMyCar.
Les “me too” libanais
En matière de nouvelles technologies, les Libanais se distinguent aussi en adaptant au marché arabe des modèles déjà couronnés de succès en Occident. « Dans le jargon on appelle ça un “me too”. C’est une opportunité à saisir pour les entrepreneurs locaux qui peuvent ainsi développer un modèle plus adapté aux spécificités du marché arabe et éventuellement le revendre à un géant international », explique Sami Abou Saab.
Un sous-secteur emblématique de cette tendance est celui des véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC). Si Uber s’est lancé au Liban en 2014, ce service doit faire face à une rude concurrence avec des start-up régionales ou locales comme Cabbis. « Contrairement à Uber, notre offre est adaptée au marché local qui n’a pas le même rapport à la technologie avec, par exemple, la possibilité de régler une course en espèces ou de parler à un opérateur par téléphone », dit Ibrahim Manna, responsable des marchés émergents chez Careem, une entreprise régionale de VTC qui a déjà levé plus de 70 millions de dollars d’investissements. Basée aux Émirats arabes unis, Careem est présente au Liban depuis ses débuts en 2012 où elle opère une centaine de véhicules.
Le covoiturage entre aussi dans la catégorie des services que les entrepreneurs libanais tentent de dupliquer sur le marché local, mais la mayonnaise a du mal à prendre. En cause : des réticences d’ordre culturel de la part des utilisateurs. « Les gens n’ont pas l’habitude de monter en voiture avec un inconnu. Pour avoir une chance de fonctionner, une entreprise de covoiturage doit s’intégrer à une communauté d’utilisateurs bien définie comme les étudiants d’une université ou les employés d’une entreprise, ce qui crée un sentiment de sécurité », dit Élie Awad, fondateur de bbeepp, une plate-forme de covoiturage lancée en 2014 et autofinancée à hauteur de 50 000 dollars. Autre obstacle : le paiement. « Il y a un malaise autour de l’échange d’argent. Les utilisateurs de covoiturage ne veulent pas être considérés comme des chauffeurs de taxi », dit Ralph Khairallah, cofondateur d’une autre entreprise de covoiturage : Carpolo. Celle-ci a trouvé la parade en troquant l’argent par un système d’échange de points.
Adapter les principes de la fintech à la vente automobile
L’innovation numérique touche aussi la vente de véhicules avec des plates-formes qui permettent aux acheteurs de comparer les prix de plusieurs vendeurs privés, de concessionnaires ou de réserver une séance d’essai. « Les consommateurs d’aujourd’hui, particulièrement les jeunes, sont habitués à acheter des produits en ligne, et cela va forcément transformer notre manière de choisir et d’acheter des voitures. Les fabricants de voiture et les concessionnaires devraient se réjouir de ces innovations, car cela va leur permettre de limiter les coûts d’opération liés à une boutique physique tout en leur permettant d’être actifs 24h/24 et 7j/7 », dit Tatiana Hage, responsable communication chez Wheelers, l’une de ces plates-formes lancée en 2012 par des Libanais qui souhaitent rester anonymes. Particularité de Wheelers, le site a conclu un partenariat avec les banques Audi, BBAC, Byblos, SGBL, Blom, BLC, Crédit libanais et BLF afin d’intégrer une fonctionnalité de fintech en permettant à ses clients de souscrire à un crédit bancaire en ligne.
« Il y a plus d’un milliard de voitures en circulation dans le monde, environ 600 000 au Liban. Ce parc automobile est en pleine mutation et ce qui est certain c’est que le stockage et l’analyse de données en temps réel jouent un rôle-clé. Les voitures d’aujourd’hui peuvent déjà être des voitures connectées », dit Mark Haidar, dont l’entreprise a attiré 6,5 millions de dollars d’investissements lors de sa première levée de fonds.
Selon les inventeurs du boîtier qui est déjà distribué aux États-Unis et à Bahreïn, il suffira de connecter l’appareil à la voiture pour que celle-ci ait accès au réseau Internet haut débit et à des dizaines d’applications spécifiquement développées pour servir les besoins du conducteur. Ces applications seront en partie développées par Touch et des développeurs locaux.
Car si les Libanais souhaitent se faire une place sur le marché fleurissant des voitures connectées, c’est surtout dans l’élaboration d’applications qu’ils ont un avantage compétitif.
De l’innovation centrée autour des applications
« Les Libanais qui développent des technologies de pointe sont souvent basés à l’étranger, car de telles innovations sont difficiles à partir du Liban. Le pays n’a ni les laboratoires ni l’expertise nécessaire, en fait nous sommes en retard en termes de recherche et développement. Par conséquent, les entrepreneurs libanais se tournent plus facilement vers des applications qui sont plus faciles à réaliser et peuvent s’exporter à travers le monde en un clic », dit Sami Abou Saab, directeur de l’incubateur Speed@BDD.
La voiture est l’un des champs de cette créativité. Certaines applications, à l’instar de Parkr ou plus récemment Spottr, proposent aux utilisateurs de trouver facilement une place de parking tandis que d’autres, comme BlinkMyCar, offrent des services de lavage de voiture à domicile en un clic. « Il y a cinq ans ce type de services dématérialisés n’auraient pas fonctionné sur le marché libanais, mais, aujourd’hui, l’utilisation du smartphone et le besoin de gagner du temps sont vraiment entrés dans les habitudes », dit Rami Hallal, cofondateur de BlinkMyCar.
Les “me too” libanais
En matière de nouvelles technologies, les Libanais se distinguent aussi en adaptant au marché arabe des modèles déjà couronnés de succès en Occident. « Dans le jargon on appelle ça un “me too”. C’est une opportunité à saisir pour les entrepreneurs locaux qui peuvent ainsi développer un modèle plus adapté aux spécificités du marché arabe et éventuellement le revendre à un géant international », explique Sami Abou Saab.
Un sous-secteur emblématique de cette tendance est celui des véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC). Si Uber s’est lancé au Liban en 2014, ce service doit faire face à une rude concurrence avec des start-up régionales ou locales comme Cabbis. « Contrairement à Uber, notre offre est adaptée au marché local qui n’a pas le même rapport à la technologie avec, par exemple, la possibilité de régler une course en espèces ou de parler à un opérateur par téléphone », dit Ibrahim Manna, responsable des marchés émergents chez Careem, une entreprise régionale de VTC qui a déjà levé plus de 70 millions de dollars d’investissements. Basée aux Émirats arabes unis, Careem est présente au Liban depuis ses débuts en 2012 où elle opère une centaine de véhicules.
Le covoiturage entre aussi dans la catégorie des services que les entrepreneurs libanais tentent de dupliquer sur le marché local, mais la mayonnaise a du mal à prendre. En cause : des réticences d’ordre culturel de la part des utilisateurs. « Les gens n’ont pas l’habitude de monter en voiture avec un inconnu. Pour avoir une chance de fonctionner, une entreprise de covoiturage doit s’intégrer à une communauté d’utilisateurs bien définie comme les étudiants d’une université ou les employés d’une entreprise, ce qui crée un sentiment de sécurité », dit Élie Awad, fondateur de bbeepp, une plate-forme de covoiturage lancée en 2014 et autofinancée à hauteur de 50 000 dollars. Autre obstacle : le paiement. « Il y a un malaise autour de l’échange d’argent. Les utilisateurs de covoiturage ne veulent pas être considérés comme des chauffeurs de taxi », dit Ralph Khairallah, cofondateur d’une autre entreprise de covoiturage : Carpolo. Celle-ci a trouvé la parade en troquant l’argent par un système d’échange de points.
Adapter les principes de la fintech à la vente automobile
L’innovation numérique touche aussi la vente de véhicules avec des plates-formes qui permettent aux acheteurs de comparer les prix de plusieurs vendeurs privés, de concessionnaires ou de réserver une séance d’essai. « Les consommateurs d’aujourd’hui, particulièrement les jeunes, sont habitués à acheter des produits en ligne, et cela va forcément transformer notre manière de choisir et d’acheter des voitures. Les fabricants de voiture et les concessionnaires devraient se réjouir de ces innovations, car cela va leur permettre de limiter les coûts d’opération liés à une boutique physique tout en leur permettant d’être actifs 24h/24 et 7j/7 », dit Tatiana Hage, responsable communication chez Wheelers, l’une de ces plates-formes lancée en 2012 par des Libanais qui souhaitent rester anonymes. Particularité de Wheelers, le site a conclu un partenariat avec les banques Audi, BBAC, Byblos, SGBL, Blom, BLC, Crédit libanais et BLF afin d’intégrer une fonctionnalité de fintech en permettant à ses clients de souscrire à un crédit bancaire en ligne.
Véhicules connectés, un rêve mondial L’archétype de la voiture de demain c’est la Googlecar. Développée par le laboratoire Google X, il s’agit d’une voiture sans conducteur. Le prototype circule déjà dans quelques États américains. Pour le moment, une voiture test coûte environ 150 000 dollars, mais si cette expérience devient la norme, moyennant la réduction des risques de collision, les prix baisseront. D’autres constructeurs se penchent actuellement sur la question comme Tesla, BMW, Mercedes-Benz, Honda, Volkswagen ou encore... Apple. |
Quelques profils d’entreprises libanaises Hard Tech Quanergy Systems est l’une des innovations libanaises les plus abouties dans le secteur automobile. Fondée par Loay Eldada en 2012, l’entreprise développée dans la Silicon Valley utilise la technologie 3D pour produire plusieurs capteurs destinés aux voitures sans conducteurs, qui permettent de détecter des objets, la lumière et d’anticiper des situations. Quanergy Systems a récemment levé 90 millions de dollars auprès de plusieurs investisseurs dont Sensata Technologies, Delphie Automotive, Samsung Ventures ou encore GP Capital, portant ainsi le montant total des investissements à 150 millions de dollars, pour une valeur estimée à un milliard et demi de dollars. Service à domicile BlinkMyCar permet à ses utilisateurs de géolocaliser leur véhicule et de commander en direct un service de lavage. Lancée début 2016, cette start-up propose trois formules : lavage extérieur à 12 dollars, lavage extérieur et intérieur à 22 dollars et une formule premium à 79 dollars. L’entreprise s’appuie sur des travailleurs indépendants qu’elle forme et à qui elle reverse 75 % des recettes. « 95 % de nos clients font appel à notre service lorsqu’ils sont sur leur lieu de travail », dit Rami Hallal, cofondateur. BlinkMyCar, lancé sur fonds propres, a tablé sur 500 000 dollars d’investissement lors de sa première levée de fonds et espère augmenter son capital prochainement afin de débuter une expansion géographique dans la région et de développer des services de maintenance en plus du lavage. Covoiturage Lancé en 2015 à l’issue d’une compétition à l’AUB, Carpolo est une application de covoiturage courte distance encore en version bêta. L’idée de Ralph Khairallah est de développer un service que la start-up pourra vendre à des communautés comme une université ou une entreprise. Pour l’utilisateur, pas de transactions financières, mais un système de points que l’on peut échanger contre des produits dans le cadre d’un partenariat avec une marque ou d’autres avantages au sein de la communauté d’origine comme des places de parking. À ce stade, Carpolo a reçu environ 80 000 dollars entre diverses compétitions et une dotation Kafalat de 15 000 dollars. La start-up va prochainement débuter une levée de fonds pour récolter 200 000 dollars. Permis de conduire Driving License LB est une application destinée à faciliter l’obtention du permis de conduire. Si les fonctionnalités sont assez basiques, réviser le code de la route, contacter une autoécole ou réserver sa date d’examen, c’est la seule application du genre sur le marché libanais. « Les jeunes qui ont entre 16 et 19 ans sont demandeurs de produits », dit Élie Hayek, le fondateur, qui assure enregistrer une centaine de téléchargements par jour depuis le lancement à la fin de l’été dernier. L’entrepreneur, qui a monté son affaire grâce à 9 500 dollars d’apport personnel, bénéficie du soutien de plusieurs organisations de prévention des dangers de la route, mais espère attirer bientôt des annonceurs et s’assurer ainsi un revenu régulier. Plate-forme de comparaison des prix Lancée en 2012 par des fondateurs libanais, qui souhaitent rester anonymes, Wheelers est une plate-forme de comparaison des prix destinée à l’achat de voitures. Avec 29 concessionnaires partenaires au Liban, l’utilisateur peut entrer le modèle de la voiture qu’il recherche, comparer les prix, réserver une séance d’essai ou encore accéder à des prêts bancaires en ligne. Wheelers tire ses revenus de la publicité diffusée sur le site et d’études de marché qu’elle revend ensuite à des concessionnaires et à des banques. Le service, qui compte environ 50 000 utilisateurs au Liban à ce jour, est actuellement disponible aux Émirats arabes unis ainsi qu’en Arabie saoudite et prochainement en Égypte. |