Fadi Mikati et Najwa Sahmarani
Fadi Mikati et Najwa Sahmarani

Najwa Sahmarani et Fadi Mikati s'apprêtent à lancer Booster 06, le premier accélérateur de start-up de Tripoli. Ce programme de six mois débutera « dans les prochains mois », selon Fadi Mikati, pour une dizaine d’équipes. En plus de l’encadrement, les participants recevront 33 000 dollars d’investissement en échange de 5 % du capital.

« C’est l’aboutissement de cinq ans de travail. Ce projet vient compléter l’écosystème de Tripoli, c’était la dernière étape qui manquait avant que les start-up puissent rencontrer les investisseurs », dit Fadi Mikati.

L’accélérateur sera financé à hauteur de cinq millions de dollars répartis entre le fonds MIC – un fonds d’investissement doté de 48 millions de dollars lancé récemment par les opérateurs télécoms Alfa et Touch – et une banque libanaise qui ne souhaite pas être citée et dont l’investissement s’inscrit dans le cadre de la circulaire 331 de la Banque du Liban. « On attend l'aval de la banque centrale pour se lancer », précise Fadi Mikati.

Après des études de gestion à l’Université Saint-Joseph et à l’Université américaine de Beyrouth, Fadi Mikati a rejoint l’organisme de garantie de prêts aux petites et moyennes entreprises, Kafalat, où il travaille comme analyste financier depuis huit ans.

En parallèle, en 2013, il lance avec Najwa Sahmarani le Club des entrepreneurs de Tripoli pour aider les jeunes de sa ville d’origine à découvrir de nouvelles opportunités économiques.

« À l’époque Tripoli était isolée du pays, les jeunes qui souhaitaient lancer leur propre entreprise ne bénéficiaient d’aucun soutien et optaient pour l’émigration. Ce club, c’était avant tout une réponse à la fuite des cerveaux », explique le Tripolitain.

La mission du club est simple : campagnes de sensibilisation à l’entrepreneuriat auprès des jeunes diplômés et auprès des universités, mise en relation avec de potentiels investisseurs et employeurs, ateliers de formation. Les activités étaient menées au départ sur la base du volontariat, puis financées par des dons d’institutions internationales comme USaid, UKaid ou encore l’allemand BMZ. L’initiative fait tache d’huile. Des antennes du club essaiment dans les cinq universités du Nord et comptent aujourd’hui plus de 150 membres.

En 2015, les deux cofondateurs passent à l’étape supérieure et lancent le programme de pré-accélération Startup Seeds. À chaque session, une dizaine de start-up développent une idée pendant quatre mois. Au terme de la formation, ils sont prêts à rejoindre un programme plus avancé comme Smart ESA, iSME ou Speed@BDD. 

« Il est évident que tout est concentré actuellement sur Beyrouth, mais je pense que Tripoli a des atouts pour devenir le hub du Nord », dit-il.  « La ville est en pleine évolution, poursuit Mikati.  Nous avons fait beaucoup de progrès. Il reste encore du travail, mais l’état d’esprit des jeunes est en train de changer. Nous recevons de plus en plus de candidatures et la qualité de ces candidatures s’améliore clairement. »

Un autre volet de cet engagement consiste à convaincre les Tripolitains qui ont quitté la ville de s’y réinstaller. « Ces gens ont déjà développé des projets, ce qu’il faut c’est leur faciliter l’accès aux réseaux et au financement pour qu’ils puissent revenir travailler dans la ville », explique-t-il, en citant l’exemple d’un Tripolitain, ancien employé de la société Murex en France, qui a remporté le premier prix de Startup Seat et qui gère aujourd’hui son entreprise à Tripoli.

Prochaine étape pour du Club des entrepreneurs de Tripoli, créer des vocations d’angel investors parmi les riches Tripolitains.    

*Cet article a été modifié le 31 juillet 2018