Le premier café Younès a ouvert à Hamra en 1935. Quatre-vingt-trois ans plus tard, Amin et Faisal Younès gèrent neuf cafés et prévoient d’en ouvrir onze autres au cours des deux prochaines années avec un objectif clair : « 20 cafés en 2020. »
Quand Amin reprend l’affaire familiale en 1996, après avoir travaillé pendant trois ans dans le secteur bancaire, seul l’un des cafés ouverts par son grand-père et son père avait survécu à la guerre. Le jeune homme renforce d’abord l’enseigne, puis commence à la développer. Entre 2008 et 2010, il ouvre trois nouveaux établissements, dont un à Aley. « Ma famille possédait un café là-bas dans les années 1950 et elle a dû le fermer. Nous l’avons rouvert presque au même endroit », raconte Amin Younès, qui tient à préserver l’identité familiale de la marque, tout en la modernisant.
« C’est un café de quartier, authentique, qui s’intègre naturellement dans son environnement. L’espace est accueillant pour que le client s’y sente comme à la maison. »
Au-delà de l’ambiance, le lieu mise sur son café, fraîchement moulu chaque jour.
Pour Amin, l’esprit Younès c’est aussi le soutien de l’entreprise à la communauté et aux associations locales : « Nous organisons une quarantaine de soirées par an pour lever des fonds et communiquer sur le travail mené par des ONG libanaises. Nous sommes aussi le premier café du Moyen-Orient à avoir réalisé un menu en braille avec l’aide de l’Université américaine de Beyrouth et la Young Association for the Blind. Cela a demandé beaucoup de travail et j’en suis très fier. »
L’enseigne regroupe aujourd’hui neuf établissements au Liban, dont le dernier a ouvert sous le nom de Black Coffee en mai dernier. Amin Younès se dit « très satisfait des résultats financiers » du groupe, lui permettant de financer sa stratégie d’expansion avec un investissement moyen de 150 000 dollars par café.
Avec 80 employés et 200 transactions en moyenne– soit environ 450 à 500 clients effectifs – par jour et par café, l’enseigne progresse vite vers son objectif de 13 cafés d’ici à fin 2018 et 20 en 2020. Une levée de fonds dont la hauteur n’a pas été précisée a été effectuée cette année.
Depuis début 2018, Amin peut aussi compter sur une nouvelle compétence au sein du groupe : son frère Faisal l’a rejoint après avoir contribué à ouvrir près de 200 cafés “starbucks” pour le compte de l’entreprise Alshaya. « J’ai toujours voulu intégrer l’entreprise familiale, mais quand j’ai fini mes études, les opérations étaient encore trop limitées », raconte Faisal.
Aujourd’hui, les deux frères voient grand. « Amin a réussi à créer une marque très forte, dit-il admiratif. Le défi désormais est de la développer dans la région. » Après une première ouverture à Riyad, l’enseigne veut s’étendre au reste de l’Arabie saoudite, puis dans les autres pays du Golfe.
À la fratrie, il ne manque plus que Karim, qui travaille dans le domaine du marketing et qui conseille ses frères de manière informelle. Mais ces derniers ne perdent pas espoir de le voir revenir un jour dans le giron familial.