Après avoir aidé des dizaines d’entrepreneurs à créer leurs start-up, Émile Harb dirige aujourd’hui la sienne : Shelvz, une société qui aide les grandes marques à optimiser le positionnement de leurs produits en grande distribution.

Diplômé d’économie et finance, Émile Harb a débuté sa carrière à Londres comme auditeur auprès du cabinet de conseil KPMG. « On peut croire tout ce qu’on veut, mais sans argent on ne fait rien, et le fait d’avoir travaillé en finance m’a beaucoup aidé à gérer cet aspect-là », dit-il.

À son retour au Liban en 2011, il s’associe avec deux amis d’école pour fonder Codefish, un projet destiné aux « gens qui veulent gagner des millions », dit Émile Harb avec un certain sens de l’autodérision. À la manière d’un petit accélérateur, Codefish a en effet permis à des dizaines de jeunes dotés d’une idée innovante à monter un projet d’entreprise viable.

« J’ai beaucoup appris de cette expérience. J’ai pu mesurer les sacrifices que représente la création d’une start-up. Ce n’est vraiment pas facile, il faut une équipe en béton, des employés qui s’investissent vraiment dans leur travail et des partenaires fiables, c’est aussi sérieux qu’un mariage », dit-il.

Au bout de cinq ans d’activité, l’aventure Codefish plafonne et chacun des partenaires se lance dans un projet personnel. Pour Émile Harb, il s’agit de développer une application mobile pensée au départ pour un ami qui travaillait dans une société d’agroalimentaire au Liban.

Dans ce secteur, les grandes marques accordent une importance stratégique au positionnement et au suivi de leurs produits dans les supermarchés. Elles embauchent des agents de terrain pour se rendre sur place arranger les rayons, vérifier la visibilité du produit, compter les stocks… Avec son application, baptisée Shelvz, Émile Harb propose aux entreprises d’optimiser ces opérations en permettant à l’agent de collecter toutes les données qu’il relève – chiffres, commentaires, photos – sur son téléphone et de les transférer vers un cloud qui peut être consulté par différents salariés du groupe.

Le projet, autofinancé au départ, permet à Émile Harb de remporter la compétition Seedstars Beirut en 2016 et de représenter le Liban en finale en Suisse. À son retour, il décide de passer à l’étape supérieure et lève 400 000 dollars auprès du fonds d’investissement B&Y Ventures.

Ce premier investissement lui permet d’embaucher une équipe de douze personnes et d’ouvrir trois nouveaux marchés : l’Arabie saoudite, la Jordanie et la Syrie. En visant les agents de terrain des grandes marques, Shelvz s’ouvre aussi à d’autres secteurs dont l’électronique et l’industrie pharmaceutique.

Début 2018, B&Y Ventures réinvestit 400 000 dollars dans la start-up. « Avec cet argent, je me suis fixé trois objectifs qui me permettront de lever ensuite un ou deux millions en série A : être présent sur quatre marchés, avoir une quarantaine de clients et générer 20 000 dollars de revenus par mois. »

Prochaine destination pour Shelvz : l’Europe, où Émile Harb souhaite se développer.