Il est de ces photographes dont on connaît forcément un ou deux tirages… Même quand on ne connaît rien à l’art photographique. Les boulangers français des années 1950 ? Le portrait de Pablo Picasso autrement ? Ou l’extraordinaire main de Miles Davis… Reconnu comme l’un des maîtres de la photographie au XXe siècle, Irving Penn (1917-2009) doit sa légende à ces photos de modes et ces portraits d’hommes (ou de femmes) célèbres.
Ce qu’on sait moins de lui, c’est justement ce qu’apporte cette exceptionnelle exposition, organisée avec le concours de la collection Pinault.
Une sélection d’une cinquantaine d’images qui met « en lumière le caractère immuable de l’œuvre du photographe ». Les commandes pour des magazines côtoient ainsi des études ethnographiques ou des crânes d’animaux, des déchets retrouvés, voire d’étonnantes expérimentations comme ces cigarettes dont on ne se lasse pas… Comme Penn l’affirmait : « Il s’agit d’une seule et même chose. » Présentée par grands thèmes, cette trop courte déambulation permet, malgré tout, de reconnaître de studio d’évidentes affinités qui relient ces images entre elles.
Parmi les surprises, son travail sur les vanités : Irving Penn conservant tout au long de sa carrière un intérêt constant pour les rebuts, les effets de la décomposition et du passage du temps. Dans ce registre, la longue série de crânes d’animaux, qu’il a tirés en argentique, virés au sélénium, sont époustouflants de “vérité”. Penn les décrivait d’ailleurs comme « une machine vivante à la structure raffinée ». D’une certaine manière, c’est tout ce qu’il recherchait dans ses modèles.
Exposé pour la première fois au Moyen-Orient, dans un lieu qui ouvre, c’est un accrochage à voir et à revoir sans se lasser.
Mina Image Center, jusqu’au 28 avril 2019, quartier du port, Tél. : 70/907011.