Rudy Bekerejian est un passionné de commerce en ligne. «J’achète tout en ligne, même mon shampoing», dit-il. C’est au Canada que l’entrepreneur a fait ses premières armes. Il y a lancé son premier site de vente en ligne de produits HP, Samsung et Microsoft en 2001, alors qu’il était encore étudiant en informatique.
En 2004 il fonde une deuxième société, BekerTech, qui propose des solutions numériques clés en main, sites web et plates-formes de ventes pour des entreprises. En quelques années, son chiffre d’affaires en Amérique du Nord dépasse les 40 millions de dollars.
Mais Rudy Bekerejian est persuadé qu’il a une carte à jouer au Moyen-Orient. Il se réinstalle à Beyrouth et lance en 2018, avec son partenaire Amer Tabbara, Ecomz, une plate-forme qui permet de créer une boutique en ligne en seulement quelques clics.
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Depuis son lancement, la start-up a permis de créer plus de 5 000 boutiques virtuelles. Parmi ses plus gros marchés, il y a bien sûr le Liban où l’entreprise est implantée, mais aussi les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite. «Les gens ont réalisé qu’avoir une présence en ligne est devenu vital», explique Rudy Bekerejian.
Jusqu’à 100 produits, le service est gratuit. Au-delà, la start-up propose plusieurs formules d’abonnement entre 24 et 199 dollars par mois. «Le e-commerce est un secteur qui change très rapidement et où la barrière d’entrée est élevée, donc c’est un service que les entreprises préfèrent externaliser. Nous nous occupons de toute la partie technique. Le marchand n’a qu’à gérer ses produits et les vendre», dit l’entrepreneur.
Pour le paiement, Ecomz permet aux clients de régler leurs achats en liquide à la livraison ou en ligne grâce à des partenariats avec des banques comme Bank Audi ou Blom Bank ainsi que des FinTechs comme PayPal, PayFort ou PayTabs. Au niveau de la livraison, Ecomz s’appuie sur le réseau des postes nationales ou de transporteurs internationaux comme DHL ou Aramex.
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«Il faut savoir s’adapter à la région», confie Bekerejian. Cela veut dire une plate-forme en arabe, mais aussi la possibilité de gérer à partir d’un seul compte des boutiques en ligne dans plusieurs pays, qui opèrent donc simultanément avec des prix, une stratégie et des monnaies différentes.
Rudy Bekerejian et Amer Tabbara ont lancé Ecomz avec des capitaux propres et l’aide de quelques angel investors, pour un montant inférieur à un million de dollars. Pour se faire connaître, ils ont participé et remporté plusieurs compétitions régionales comme ArabNet, Brilliant Lebanese Awards et plus récemment le Touch Innovation Program.
Ce programme d’accélération de six mois, organisé par l’opérateur téléphonique Touch, a été un tournant pour Ecomz. «Cette expérience nous a permis de rencontrer des personnes très intéressantes et de repenser notre modèle économique», résume Bekerejian, qui depuis compte Touch parmi ses clients.
Pour soutenir la croissance rapide de ses activités, la start-up va bientôt lancer une levée de fonds de plusieurs millions de dollars. L’investissement doit servir à développer la plate-forme, à tripler les effectifs pour atteindre une soixantaine d’employés et à ouvrir un second bureau à Dubaï, pour répondre notamment à la demande de quelques très gros clients.