Le rapport annuel d’ArabNet, dévoilé à l’occasion de la conférence qui s’est tenue mi-juin à Beyrouth, fait état d’une baisse des investissements dans l’écosystème numérique au Liban, en nombre et en valeur.
En 2018, les start-up libanaises ont levé presque deux fois moins de fonds que l’année précédente. Selon le 4e rapport d’ArabNet sur l’état des investissements numériques de la région Mena 2013-2018, publié le 13 juin, une quarantaine de transactions ont été conclues l’année dernière au Liban, contre 60 en 2017 et le montant total des investissements est passé de 54 à 28 millions de dollars.
Le Liban perd ainsi trois places dans le classement régional, passant de la 2e à la 5e place en termes de montants investis. En nombre, le Liban conserve la deuxième place, derrière les Émirats arabes unis qui ont totalisé 45 investissements en 2018.
« Il y a moins de capitaux par transaction. C’est-à-dire que les investissements se font de préférence à des stages précoces de développement plutôt qu’à des étapes de croissance plus avancées, commente Azza Yehia, chercheuse et directrice des données chez ArabNet. L’instabilité politique et économique au Liban participe à ce phénomène, mais ce n’est pas le seul pays, on observe la même chose en Tunisie par exemple. De manière générale, l’incertitude des perspectives économiques de la région à l’échelle macro ont un impact sur le secteur », affirme-t-elle.
Le Golfe en tête
Globalement, c’est dans les pays du Golfe que les écosystèmes sont les plus dynamiques. « Les États du CCG concentrent 50 % des transactions réalisées, mais lorsqu’on se penche sur leur valeur, la proportion atteint 75 %. Le Golfe est particulièrement attractif face à un marché levantin stagnant et un marché nord-africain encore balbutiant », analyse Azza Yehia.
De nouveaux venus commencent néanmoins à émerger, notamment la Tunisie, le Bahreïn, Oman et le Yémen. « Ces quatre pays ont fait preuve d’une croissance importante en ce qui concerne le nombre de transactions effectuées, Oman et le Yémen en tête, avec, respectivement, une hausse de 129 et 259 % entre 2017 et 2018. Ces chiffres sont certes gonflés en raison du nombre restreint de transactions enregistrées en 2017. Cela montre tout de même une évolution : c’est le signe que le marché commence à ne plus se limiter à l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis ou l’Égypte », commente la chercheuse.
Prolifération des accélérateurs
Enfin, bien que les accélérateurs prolifèrent – c’est le type d’investisseurs dont la croissance a été la plus rapide au cours de ces cinq dernières années –, les entreprises sont de plus en plus intéressées par les start-up. « Une certaine synergie s’est créée entre l’écosystème tech et les entreprises depuis deux ans, ces dernières voyant dans l’investissement pour les start-up l’opportunité d’amorcer leur numérisation », souligne la chercheuse.
Le rapport, qui a été publié dans le cadre de la dixième édition de la conférence ArabNet à Beyrouth, se base sur des données collectées auprès de 59 investisseurs et accélérateurs de la région, ainsi que de données publiques disponibles sur des sites comme Crunchbase, MenaBytes, Wamda et Magnitt. Au total, ce sont 1 423 investissements effectués dans la région qui ont été analysés.
Searchie remporte la Startup Championship La conférence ArabNet Beirut X a accueilli la finale de la Startup Championship le 13 juin dernier, à laquelle ont participé 18 des start-up les plus prometteuses de la région. Le jury, composé d’investisseurs, a désigné la start-up Searchie, une plate-forme de recrutement opérant depuis Dubaï, comme gagnante de la compétition. Elle a été choisie parmi cinq finalistes, dont trois start-up libanaises : Bakala, Seez et Fallound. Bakala, qui prend la deuxième place de la compétition, propose un logiciel à destination des fournisseurs de produits de grande consommation afin d’automatiser leur collecte des données. Seez, qui arrive en troisième place, permet de scanner des voitures dans la rue, afin de les retrouver en ligne. Enfin, Fallound propose de créer des listes intelligentes de podcasts en fonction du trajet de l’utilisateur et de ses goûts. On retrouve aussi dans la présélection la start-up palestinienne Gamiphy qui permet aux entreprises de créer des jeux en ligne à des fins publicitaires. La somme de 20 000 dollars a été remise à Searchie, qui bénéficiera, entre autres récompenses non monétaires, de deux semaines de formation à la Silicon Valley. |