La carte des manifestations proposée par le site lebanonprotests.xyz
La carte des manifestations proposée par le site lebanonprotests.xyz

Sur le site lebanonprotests.xyz, la carte du monde, de Seattle à Moscou, est parsemée de petites tâches orange. Ces points, ce sont toutes les villes dans lesquelles des Libanais ont manifesté depuis le 17 octobre. A l’échelle du Liban, les points sont tellement nombreux que le territoire est presque entièrement coloré. L’outil permet ainsi de visualiser l’ampleur du mouvement qui mobilise les Libanais dans les quatre coins du monde.

Derrière cette initiative, Marc Farra, un développeur et cartographe diplômé de l’Université américaine de Beyrouth (AUB) et Majd Al Shihabi, étudiant de la même université, tous deux passionnés par l’open data, ou données ouvertes. «Vivant aux Etats-Unis, je me sentais frustré, j’avais besoin de faire quelque chose pour aider les manifestants » raconte Marc Farra.

Alors quand il croise sur twitter le message d’un internaute demandant s’il y avait une carte des manifestations organisées, il n’hésite pas. D’autant qu’il venait de créer, quelques jours plus tôt, une carte des feux de forêts qui avait ravagé le Liban, « Lebanonfires ».

Dès les premiers rassemblements, une première version du site voit donc le jour avec l’objectif« de rendre compte de la nature inédite du mouvement » explique-t-il.

Les développeurs optent pour un code et des données ouvertes (open source), pour permettre aux internautes de contribuer au site et alimenter la carte, un peu à la manière d’un Wikipédia de la cartographie.

« Une Libanaise vivant à Vancouver a été la première à signaler des manifestations en dehors du Liban sur la carte, puis c’est partie très vite. J’ai moi-même été étonné par la mobilisation de la diaspora ! Un autre développeur a corrigé mon code. Il s’agit vraiment d’un effort collectif».

Comment les données sont-elles collectées? « A travers des formulaires envoyés par des internautes ou des tweets, des statuts Facebook et des articles qui font référence à des manifestations organisées quelque part », explique Marc Farra.

Les données transmises par les internautes ou collectées par les développeurs, qui font aussi de la veille, sont ensuite vérifiées et retranscrites sur la carte, accompagnées de leur source. « Si nous avons des doutes sur la source, la carte précise que la donnée est peu fiable. Il est en effet difficile à ce stade de garantir la crédibilité d’une source à 100%, mais nous nous basons sur certains indicateurs comme la popularité d’un tweet par exemple» explique Marc Farra.

Cet effort de vérification, parfois fastidieux, fait que le site n’est pas actualisé en temps réel. «L’intérêt est de visualiser la mobilisation et d’archiver les données collectées autour d’un mouvement déjà considéré comme historique ». Depuis sa création le site a déjà attiré plus de 20 000 visiteurs.