Lancé 30 octobre, le site lebanonprotests.com propose aux internautes de pouvoir consulter et télécharger les tweets liés au mouvement de contestation et de les visualiser de manière synthétique dans un tableau de bord.
La plateforme interactive indique par exemple les mots-dièse les plus populaires, l’évolution du nombre de tweets dans le temps, les comptes les plus mentionnés ou encore les catégories professionnelles les plus représentées parmi les tweetos.
Ainsi, sur 2 millions de tweets échangés autour de la contestation libanaise, on apprend que le troisième mot-dièse le plus populaire est #kelonyaanekelon(« tous, c'est-à-dire tous ») après les plus génériques #Loubnan et #Loubnanyantafed (« Liban » et « le Liban se révolte »). On apprend également que le 29 octobre, jour de la démission du Premier ministre, la mouvance contestataire libanaise a connu un pic d’influence avec plus de 160 000 tweets.
C’est l’équipe de Data Aurora, une entreprise de conseil spécialisée dans les données, qui a développé le site. « Dès le deuxième jour du mouvement, on s’est rendu compte qu’il y avait une activité très importante sur les réseaux sociaux, et qu’elle méritait d’être analysée », explique Ali Srour cofondateur de Data Aurora et spécialisé en données numériques. L’entreprise contacte alors Maharat, une ONG libanaise qui œuvre pour la liberté d’opinion et d’expression dans les médias afin de s’occuper de la promotion du site.
Data Aurora n’en est pas à sa première révolution. Elle avait déjà mené un projet similaire en juin dernier de collecte et d’analyse des données sur les réseaux sociaux pour le PNUD lors du mouvement de protestation au Soudan. « Il s’agit cette fois d’un projet à but non lucratif. Notre but est de pouvoir mettre à disposition en open source les données brutes que l’on a collectées de Twitter afin de permettre aux journalistes et étudiants, militants et chercheurs de les analyser », précise Ali Srour. « Pour nous, c’est aussi un moyen de tester notre méthodologie et de renforcer nos compétences d’analyse des réseaux sociaux ».
Pour construire le site, l’équipe a eu recours à des logiciels gratuits comme Twitter API, une interface de programmation permettant d’extraire les tweets.
«Lebanonprotests.com donne un aperçu de la dynamique contestataire, mais il faut aussi conscient que les utilisateurs de Twitter sont souvent déjà des militants, ainsi l’activité de ce réseau ne reflète pas complètement ce qui se passe sur le terrain », analyse Ali Srour. « On va continuer d’alimenter le site tant que l’activité sur Twitter le justifie », explique le cofondateur de Data Aurora. Les données seront ensuite consolidées dans un rapport final qui sera mis en ligne sur le site.