En pleine crise, Badaro semble faire de la résistance. Après l’ouverture de You, le quartier va accueillir deux nouvelles enseignes : une boulangerie, Sift, et une brasserie, Newburry. Derrière ces deux projets : Saadeh Hamady, PDG de Sel. La société, qui détient déjà le restaurant arménien Onno, a investi 250 000 dollars pour ouvrir la boulangerie de 55 m2, et 350 000 dollars pour la brasserie-bar de 160 m2 qui propose une cuisine française et italienne avec des brunchs le week-end et des formules déjeuner en semaine pour un ticket moyen de 30 à 35 dollars.
« Badaro, comme le reste du Liban, a été affecté par la crise. Mais heureusement, Onno a été largement épargné. Nous ciblons des besoins spécifiques. Lorsque nous voyons qu’il y a un manque sur un marché, nous fonçons. Bien sûr, la peur de se lancer est toujours présente, encore plus dans la situation actuelle. Mais il serait trop risqué de ne pas prendre de risques », affirme Saadeh Hamady.
Cet entrepreneur aventureux, qui travaille en parallèle sur un nouveau concept de sandwicherie, a débuté sa carrière dans la restauration aux États-Unis où il a gravi les échelons jusqu’à fonder sa propre entreprise, en 1991, qui propose des services de traiteur pour des compagnies aériennes et lance différents coffee-shops et restaurants. En 2007, il cède sa compagnie et revient au Liban où il investit dans le restaurant arménien Onno, créé en 1985 à Bourj Hammoud, et développe l’enseigne dans les quartiers de Badaro, Hamra et Naccache. Parallèlement, il ouvre Brick’s sur la rue Makdessi, et se diversifie dans la location de voitures via les marques Rent-a-car et U.Save.
En 2016, afin d’alimenter Onno en produits de qualité, Saadeh Hamady lance aussi une ferme biologique, qui abrite un élevage de poules, et produit du miel, de l’huile d’olive et ses propres légumes. « Nous avons récemment ajouté des moutons et des chèvres pour produire du lait frais et autres produits laitiers au quotidien. Nous sommes actuellement en train de construire une usine pour fabriquer des fromages locaux et réaliser nous-mêmes les fromages internationaux qui deviennent de moins en moins abordables au Liban », ajoute Hamady, dont la ferme a reçu en 2018 la certification produits organiques du Consumer Financial Protection Bureau (CFPB). À terme, l’entrepreneur voit grand. Il souhaite développer sa pratique de l’agriculture biologique et étendre sa production de fromage jusqu’à approvisionner les ménages libanais au quotidien.