Flexxpay, une start-up de FinTech basée à Dubaï, a annoncé l’ouverture d’un centre d’innovation à Beyrouth courant mars.
Pour son cofondateur et directeur technique, le Libanais Charbel Nasr, le choix est stratégique. Le pays offre plusieurs avantages comparatifs : « Une main-d’œuvre bien formée, des coûts relativement bas et une localisation idéale, entre l’Europe et le Golfe », dit-il. Mais c’est aussi un choix de cœur : « La crise économique actuelle a des conséquences très dures sur le marché de l’emploi. Or, le Liban a des talents dont le potentiel mérite d’être pleinement exploité. »
Ce centre, dédié à l’innovation technologique, permettra d’améliorer les fonctionnalités existantes de l’application et d’en créer de nouvelles. « On cherche à développer des outils d’intelligence artificielle et de business intelligence afin d’offrir des services adaptés aux entreprises et aux employés », explique Charbel Nasr. Pour attirer les profils de développeurs les plus prometteurs, Flexxpay compte notamment nouer un partenariat avec l’accélérateur SE Factory, un programme de formation en code destiné à améliorer l’employabilité des jeunes diplômés en informatique au Liban.
Charbel Nasr fait lui-même partie de ces nombreux jeunes qui ont dû quitter le pays. « Je sentais qu’il était vraiment difficile de m’épanouir professionnellement au Liban », raconte-t-il. Après des études en ingénierie informatique à Notre-Dame Université (NDU) et plusieurs expériences dans le secteur bancaire, il part pour Dubaï en 2013. Un an plus tard, il rejoint la plate-forme de e-commerce, citrussTV, une chaîne de télé-achat et plate-forme e-commerce cofondée par l’entrepreneur Michael Trüschler. Le Libanais gravit les échelons et finit par endosser la responsabilité de directeur des opérations dans toute la région.
En 2017, l’entreprise est vendue à des investisseurs chinois. Michael Trüschler, alors à la recherche de nouveaux défis, fait équipe avec son ancien employé : c’est ainsi que commence, en mai 2018, l’aventure Flexxpay. « La collaboration s’est fait naturellement, nous sommes complémentaires, j’ai le côté développement technique et lui les connexions dans le milieu », explique Charbel Nasr. Le but de la start-up, première du genre dans la région, est de réduire le stress financier qui pèse sur les employés en leur permettant d’encaisser une partie de leur salaire avant la fin du mois. En effet, selon l’entrepreneur, « les fins de mois sont particulièrement difficiles pour certains travailleurs, surtout aux Émirats arabes unis où les expatriés envoient d’importantes sommes chez eux ». Il suffit ainsi d’une dépense non prévue pour que les employés soient contraints de négocier une avance, voire même de s’endetter auprès des banques. Flexxpay les aide à régler leurs problèmes de liquidités en leur permettant d’être payés au prorata du travail effectué depuis la dernière paie, moyennant une commission de 25 dirhams émiratis (environ 6 dollars) pour chaque transaction.
Incubée à In5 Tech, Flexxpay attire rapidement l’intérêt des investisseurs et lève une somme conséquente, « à 7 chiffres », selon Charbel Nasr, auprès notamment de Wanda Capital et Arzan Venture Capital. Aujourd’hui, la jeune pousse emploie une quinzaine d’employés et travaille avec une trentaine d’entreprises dans la région Mena et en Europe. Prochaine étape : une nouvelle levée de fonds en série A, prévue pour le deuxième trimestre de2021.