Le PDG et actionnaire majoritaire du groupe Ghia Holding, Jean-Claude Ghosn, est décédé à l'âge de 59 ans. Depuis le début des années 1990, il s'était imposé comme un acteur majeur du secteur de la restauration au Liban et l'un de ses meilleurs ambassadeurs à l'étranger, à travers l'enseigne Abdel Wahab.
Né en 1961, c'est un pilier de la restauration libanaise qui s'est éteint ce lundi 29 septembre, à l'âge de 59 ans. Jean-Claude Ghosn, connu entre autres pour le célèbre restaurant Abdel Wahab laisse deux enfants derrière lui : Christian, 26 ans, qui a rejoint la société créée par son père, et une fille, Raissa, 28 ans. « Nous avons perdu à la fois un ami, un frère et un mentor », regrette Maroun Daou, vice-président du groupe Ghia Holding, qui travaillait avec lui depuis 2007. « C'était quelqu'un dont on ressentait toujours la présence. Il avait une telle énergie ! Il aimait la vie tout simplement », ajoute-t-il. « Il laissera derrière lui une empreinte indélébile. Ses restaurants resteront, car ce sont des icônes dans le paysage libanais », note Tony Ramy, président du Syndicat des restaurants, cafés, night-clubs et pâtisseries du Liban.
L'histoire de Jean-Claude Ghosn est celle d'une success-story comme le secteur de la restauration libanaise peut parfois en produire. Après des études de gestion, il commence très jeune sa carrière au Togo, en Afrique, où il travaille d’abord dans le commerce du riz puis chez Renault, avant de monter un petit restaurant sur place avec un ami. Il rentre à Beyrouth à la fin de la guerre et ouvre une première enseigne : Alecco's dans la région de Kaslik, en 1992. « J'étais encore jeune, mais je voyais déjà à l’époque Jean-Claude Ghosn comme un parrain de la cuisine libanaise », se souvient Tony Ramy. « Il y a eu beaucoup d'entraide entre nous dans les années suivantes. C'est très rare de rencontrer une personnalité aussi aimable dans cette industrie. Jean-Claude n'était pas un simple entrepreneur. C’était un authentique restaurateur », ajoute-t-il.
Après ce premier succès, Jean-Claude Ghosn s'attaque à la capitale. À Monnot, il lance le bistrot français Le Monnot, puis l'enseigne italienne Ciao, qui rencontrent rapidement un grand succès dans un quartier alors en pleine effervescence. Il réunira plus tard ses deux concepts sous un même toit, le restaurant Duo, rue Maarad au centre-ville, en 2003, qui participe à introduire une cuisine cosmopolite dans le paysage gastronomique libanais. En 1996, il monte la société Ghia Holding qui chapeaute encore aujourd’hui les différentes marques du groupe.
En 1999, il ouvre le restaurant libanais Abdel Wahab qui s’imposera comme l’un des principaux ambassadeurs de la cuisine libanaise au Liban et à l'étranger.
Installé à Achrafieh, rue Abdel Wahab el-Inglizi, l'établissement rencontre immédiatement son public et devient le vaisseau amiral du groupe à l'international, avec l’ouverture des franchises Abdel Wahab dans plusieurs pays de la région – comme l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Oman ou encore l'Égypte – mais aussi à Londres. « Jean-Claude a été l'un des pionniers de l’industrie de la franchise », note Yahya Kassaa, président de la Lebanese Franchise Association (LFA).
En parallèle, la marque dérivée d'Abdel Wahab, Ahwak, qui propose une carte plus abordable, s'ouvre à une nouvelle clientèle au Liban et s'installe notamment à Saïda, au Beirut City Center et à Le Mall Dbayé.
En 2019, Ghia Holding affichait 22 millions de dollars de chiffre d’affaires et 1,7 million de dollars de bénéfices. Mais la crise économique est passée par là. Depuis le début de l’année, la société traverse une période difficile à l'instar de tous les acteurs du secteur de l'hospitalité. Sur les 30 enseignes que comptait le groupe au Liban et à l'étranger (réparties entre Abdel Wahab, Ahwak, Duo, Fabrk, el-Denye Hek), seules 24 subsistent et une centaine d’employés sur 400 ont été licenciés. Le groupe espère toutefois réembaucher certains d’entre eux dans la nouvelle enseigne Abdel Wahab qui ouvrira ses portes à Antéelias, d'ici à la fin de l'année.
Que deviendra le groupe après le décès de son PDG ? Maroun Daou, le fidèle bras droit de Jean-Claude Ghosn assure l'intérim, en attendant une nouvelle élection du conseil d'administration. « Il faut se préparer pour les vingt-cinq prochaines années. Mais comme disait Jean-Claude : il y a toujours une solution, quelle que soit la situation », conclut Maroun Daou.
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