« Avec la crise de liquidité, de plus en plus de professionnels utilisaient Ihjoz, notre plateforme de réservation en ligne, pour pour vendre leurs services et produits en ligne par carte de crédit», explique Sami Tuéni, fondateur de ce service de billetteries électronique.
À la recherche d’alternatives au paiement en cash alors que la banque centrale tente de réduire les liquidités en circulation, freelances, consultants, avocats, médecins, mais aussi salles de sport, garderies et petites boutiques se sont mis à employer ihjoz pour se faire payer : « c’est toute une catégorie de professionnels, qui dépourvue de l’infrastructure nécessaire pour encaisser par carte de crédit, s’est retrouvée sans alternative ».
Car le paiement par carte reste encore peu répandu au Liban et de nombreux obstacles empêchent sa généralisation. « La location d’un terminal de paiement électronique, qui constitue un coût mensuel fixe en plus des frais par transaction, n’est pas rentable pour des petits commerçants », explique Sami Tuéni. La création d’un e-shop, une autre solution pour encaisser en ligne, est aussi peu adaptée aux autoentrepreneurs ou aux professions libérales.
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C’est l’usage détourné de son site qui a donné à Sami Tuéni l’idée de lancer Fawter, un logiciel de facturation en ligne pour professionnels qui permet de se faire payer en ligne et de gérer ses factures. La plateforme, financée entièrement en interne, vient tout juste d’être lancée. « Ihjoz possédait déjà toute l’infrastructure pour la gestion des paiements, et c’était l’occasion de se diversifier et d’étendre le principe au-delà de l’événementiel. »
Au Liban, Fawter travaille avec la plateforme de paiement local Areeba, qui accepte les virements locaux et internationaux. Le site se rémunère en prélevant une commission de 2 % sur chaque transaction, en plus des commissions d’Areeba qui varient selon la monnaie et le pays d’origine du virement.
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Une solution qui parlera à de nombreux Libanais qui se tournent vers l’auto entrepreneuriat dans l'espoir d'obtenir des « dollars frais ». « Pour les petits montants, nous sommes plus compétitifs que les canaux traditionnels comme les sociétés de transfert d’argent ou les transferts bancaires, qui prélèvent des coûts fixes allant jusqu’à 50 dollars, indépendamment du montant transféré », explique Tuéni.
Le paiement en cash reste par ailleurs disponible. Fawter possède en effet le même réseau de points de paiement que Ihjoz : les clients peuvent donc se présenter en personne à Maliks Bookshop ou LibanPost pour régler leur facture.
En plus du paiement en ligne, Fawter propose gratuitement à ses utilisateurs des services de gestion de facture et de comptabilité, comme l’édition de factures, la numérisation de factures papier, la programmation d’envoi de factures en masse et l’intégration avec des logiciels de comptabilité. « Ces services existent déjà pour les gros commerces, notre but est de les adapter à la majorité de petits commerçants qui n’y ont pas accès ».
Le site propose aussi ses services à Abu Dhabi où il travaille avec les plateformes de paiement locales. Le but : s’étendre dans toute la région et atteindre les 5 000 utilisateurs d’ici un an, et pour y arriver, Fawter est actuellement à la recherche d’investisseurs.