Tourisme alternatif : visiter le Liban… autrement
L’Aquitaine reçoit en moyenne 3,3 millions de touristes par an dans ses vignobles. Longtemps à la traîne, Bordeaux commence à combler son retard : de grandes manifestations font désormais pulser la région sur le thème du vin.
Sur les 80 millions de touristes que reçoit la France, 24 millions choisissent de consacrer leurs loisirs à des escapades dans les vignobles hexagonaux. À eux seuls, l’Aquitaine et Bordeaux, sa capitale régionale, attirent 3,3 millions de touristes en moyenne. À peu près, 30 % sont des locaux, 27 % des étrangers. « Bordeaux est en fait la seule région vinicole de France où la ville porte le nom de son vin ! C’est une image de marque unique ! » fait valoir Youmna Asseily, qui dirige avec son mari, Tony, Château Biac, une propriété bordelaise de neuf hectares, située dans l’appellation Cadillac-Côtes de Bordeaux. Ces touristes ne repartent d’ailleurs pas les mains vides : selon une enquête (2010) du Comité régional de tourisme d’Aquitaine, ils dépensent en moyenne 144 euros par groupe de visiteurs, la part la plus importante étant allouée à l’achat de vin ou à d’autres produits du vignoble (76 % du total dépensé).
Il aura fallu cependant une mini-révolution pour que Bordeaux s’intéresse au tourisme viticole. Au début des années 2000, il n’y avait qu’un seul tour quotidien dans le vignoble, au départ de l’Office de tourisme. « La place de Bordeaux s’est d’abord concentrée sur l’accueil des professionnels avec l’organisation d’événements, comme la foire de Vinexpo ou les Primeurs. Un amateur n’avait presque aucune chance de pouvoir visiter les premiers crus », déplore Youmna Asseily. En cause ? Notamment la tradition de négoce, unique à Bordeaux, qui assure via la vente aux négociants la suprématie des vins bordelais dans le monde. « Nous ne vendons pas à la propriété. Notre production part aux maisons de négoces, par le biais des adjudications. Nous n’avions donc pas besoin de développer l’accueil touristique, puisque nous n’avions rien à vendre ! », ajoute-t-elle.
Malgré tout, aujourd’hui une cinquantaine de rendez-vous œnotouristiques se déclinent en différents thèmes : la ville propose ainsi une initiation à l’assemblage dans les châteaux, les curieux repartant avec une bouteille à leur nom, des cours de vinification, voire encore des randonnées gastronomes… Et les châteaux assurent de plus en plus des visites dans leur caveau. « Les visites au domaine créent un attachement fort entre le vignoble et ses visiteurs. Nous leur offrons de rêver le temps de leur visite. En fait, nous vendons du rêve ! En espérant que cet instant, ces amateurs le revivent lorsqu’ils achèteront une bouteille de notre vin. » À Château Biac, outre les visites sur rendez-vous, la propriété a développé une maison d’hôte, qui reçoit à l’année les amateurs d’immersion totale.
Différentes initiatives d’envergure ont été menées comme la Winery d’Arsac, qui allie vin et art contemporain ; celle des propriétaires de château Smith Haut-Lafitte, qui ont lancé la marque de cosmétique à succès Caudalie, ainsi qu’un hôtel de luxe et un spa, sur les rives de l’étang qui jouxte la propriété. Ou encore le week-end des grands crus (en mai) qui assure la dégustation d’une centaine de grands crus classés du bordelais associé à des dîners de prestige dans les châteaux à destination des grands amateurs. « Ces activités sont des clés pour la découverte de la région au même titre que le patrimoine culturel et naturel. C’est plus davantage qu’un apport complémentaire pour le vignoble, cela devient une activité à part entière. »
Dernière initiative en date ? L’inauguration, prévue en 2013, du Centre culturel et touristique du vin de Bordeaux, censé attirer plus de 400 000 visiteurs par an. À l’intérieur de ses 10 000 m2, le visiteur pourra faire le “tour du monde” du vignoble, s’asseoir à la “table des terroirs”, comprendre les métamorphoses du vin ou s’attarder dans la grande galerie des civilisations... 57 millions d’euros financés, aux deux tiers par des fonds publics, lui sont alloués annuellement. Il faut dire que les retombées économiques attendues sont estimées à 40 millions d’euros par an.