Un article du Dossier

Réseau haut débit

Le Liban devrait enfin accéder à la modernité, grâce à un tout nouveau réseau haut débit. Le ministre des Télécoms affirme que ce chantier est réalisable en 16 mois.

Le ministre des Télécommunications Charbel Nahas a annoncé le début du chantier d’extension du réseau libanais de fibres optiques qui fera accéder le pays à l’ère du haut débit dans les 16 prochains mois.
Le premier d’une série d’appels d’offres a été publié le 28 juillet. Le second étant programmé pour septembre. « Dans un délai d’un an à 16 mois, les Libanais bénéficieront d’une vitesse de connexion de 15 mégabits », contre un maximum aujourd'hui d'environ 1 Mb/s (souvent théorique), a promis à cette occasion Nahas.
Ce n’est pas une simple amélioration de la vitesse d’Internet qui est ainsi proposée, mais l’accès à de tout nouveaux services, comme par exemple la diffusion télévisée en ligne, a souligné le ministre, qui a appelé les fournisseurs de ces services à se préparer dès à présent.  « ça y est, nous sommes en train de mettre en œuvre le plan broadband et ce serait dommage que le secteur privé se réveille à la dernière minute. »
Les investissements seront amortis en une seule année, explique le ministre, s’appuyant sur des statistiques de la Banque mondiale suivant lesquelles 10 % de pénétration additionnelle d’Internet crée 1,35 % de croissance, et donc des recettes fiscales d’environ 100 millions de dollars par an. Le déploiement des nouveaux équipements se fera en quatre étapes parallèles.

1 – Déploiement de 4 500 km de fibre optique – 60 millions de dollars

Le premier chantier porte sur le déploiement d’environ 4 500 km de fibres optiques, ce qui représente une bonne densité moyenne par rapport à la taille du Liban. Tous les centraux téléphoniques du pays seront connectés, de même que 350 gros utilisateurs (fournisseurs d’accès Internet, certaines administrations, banques, universités, hôpitaux, les deux réseaux de téléphonie mobile, des médias, etc.). Le projet dont le coût est évalué à environ 60 millions de dollars nécessite des travaux de terrassement sur 710 km environ, sachant que le reste du réseau est déjà équipé en gaines.
Selon le cahier des charges, trois profils de soumissionnaires seront acceptés :
- Une société qui a déjà étendu seule de la fibre optique ou des réseaux téléphoniques pour 10 millions de dollars au cours des dix dernières années et a réalisé des projets d’infrastructure comme l'eau, l'assainissement ou l'électricité… pour au moins 25 millions de dollars.
- Un consortium réunissant une société spécialiste de la fibre optique (qui a déjà accompli un projet de 10 millions de dollars) et une société qui a à son actif un projet d’infrastructure de 25 millions de dollars.
- Une société de fibre optique (répondant aux conditions précédentes) qui a un contrat de sous-traitance avec une société qui a réalisé des infrastructures pour 25 millions de dollars.
Le moins disant remportera l’une des deux régions du Liban pour laquelle il s’est porté candidat. Pour couvrir l’ensemble du Liban, les conditions de qualifications sont doublées (20 millions de dollars de fibre optique et 50 millions de projets d’infrastructure).
L’ouverture des plis se fera dans un délai de deux mois et l’attribution des contrats un mois plus tard.
Début août, une dizaine de compagnies avaient déjà manifesté leur intérêt, notamment Samsung, Huawei, Kentco, KNT, Etisalat.

2 – Installation des équipements permettant l’exploitation de la fibre optique – 20 millions de dollars

Le ministère est en train de finaliser en parallèle le cahier des charges pour un appel d’offres prévu en septembre destiné à équiper le réseau de fibres optiques des matériels nécessaires à son exploitation. Il s’agit d’une technique de multiplexage en longueur d'onde appelée DWDM (Dense Wavelength Data Multiplexing). « Ces équipements seront naturellement compatibles avec la technologie NGN (Next Generation Networks) qui fera l’objet d’un projet séparé prévu avant fin 2010. »
Au final, le réseau sera du type maillé pour le protéger en cas de pannes simultanées ou de coupures multiples de câbles.



« Les concepteurs des équipements pour les réseaux haut débit n’ont pas pris en compte la possibilité qu’il n’y ait pas d’électricité », explique Charbel Nahas, ironique. Cette « lacune » a obligé le ministère à trouver le moyen de garantir la fiabilité du système. Plutôt que d’équiper les utilisateurs finaux de boîtiers récepteurs, l’option choisie a été de multiplier les “active cabinets” (réseaux optiques activés) sur tout le réseau, le lien final entre ces cabines et les usagers restant le cuivre (la déperdition est limitée si la distance est faible). Un projet pilote avec 100 “active cabinets” va être lancé parallèlement aux deux autres pour tester le système, à un coût de 2,5 millions de dollars. Si l’expérience est concluante, 1 000 cabines seront installées ensuite sur tout le territoire pour un coût total de 25 millions de dollars.
 

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