Les Libanais dans la course aux applications mobiles
Le ministère des Télécommunications a demandé aux opérateurs de téléphonie mobile Alfa et MTC Touch de plancher sur la création de deux plates-formes d’applications mobiles, censées démarrer cet été. La mesure constitue l’un des douze objectifs, exigés par le ministère, dans le cadre de la reconduction des contrats de gestion qui lient Alfa et MTC à l’État libanais. L’objectif du gouvernement ? Créer des places de marché “Made in Lebanon”, qui soient une vitrine pour « la création d’applications originales et pour en renforcer la diffusion », explique Tony Hayek, conseiller du ministre des Télécommunications. Le projet est encore en phase d’initiation et peu de détails ont pour l’heure été divulgués. On ignore ainsi quel sera le montant et le mode de financement de ces deux plates-formes.
Quant au partage des recettes, liées aux téléchargements éventuels, entre opérateurs télécoms et start-up libanais, ni Alfa ni MTC ne semblent en avoir une idée claire. En revanche, on sait déjà qu’il n’y aura pas concurrence entre ces deux sites de téléchargement : les applications seront accessibles aussi bien sur la plate-forme de MTC que sur celle d’Alfa, sans exclusivité.
Malgré ce flou, Tony Hayek croit en l’avenir de ces places de marché libanaises. Pour ce conseiller, les besoins sont loin d’être remplis et le développement d’un marché d’applications locales pourrait être un vecteur d’emploi. « Il nous manque par exemple une application qui aide le consommateur dans le choix de restaurants “près de chez-soi”, ou d’une autre qui centralise l’ensemble des rencontres sportives… »
Reste à savoir si le Liban est suffisamment attractif pour que soient créées des applications qui tiennent compte des besoins spécifiques de ce marché. « Des applications plus nombreuses ne peuvent que pousser les Libanais à s’abonner à la 3G », affirme encore Tony Hayek. Un optimisme partagé également par Fadi Bizri, de Seeqnce, le seul “accélérateur de start-up” du Liban :
« Cela va pousser les consommateurs à acheter des téléphones plus perfectionnés pour accéder à des applications, ce qui est bon économiquement pour les opérateurs et les développeurs. »
Avec 500 000 usagers de la 3G, le marché est certes prometteur, mais reste encore restreint. « Le Liban n’a pas une masse critique suffisante pour servir à lui seul à notre base de développement », explique Antoine Abou Samra, d’App & Above. Faute d’un nombre suffisant d’utilisateurs, les start-up spécialisées, si elles veulent réussir, sont en effet tenues de penser à un niveau régional, en lorgnant notamment sur les usagers des pays du Golfe, mieux équipés et plus nombreux, voire de concourir sur le marché mondial. Ce constat est d’autant plus vrai que les Libanais devront faire face à un choix cornélien, au moins en ce qui concerne l’App Store qui détient plus de 50 % de parts de marché mondial et exige l’exclusivité commerciale pour référencer une application. « Lorsque vous avez développé par exemple une application pour iPhone, vous devez vous engager à ne la vendre que sur l’App Store pour être référencé par Apple : c’est la condition sine qua none », rappelle ainsi Ghady Rayess, fondateur de Foo-Me. Entre l’App Store et les futures plates-formes libanaises, le choix semble donc vite assuré. « A priori, un développeur a davantage intérêt à se positionner sur le marché international, donc sur les places de marché d’envergure globale. Sauf s’il s’agit d’une application pensée quasi exclusivement pour le marché libanais », dit Ghady Rayess.