Les investisseurs libanais en Irak dans l’expectative
Malia Group Date d’installation en Irak : 2003 Nombre d’employés en Irak : 1 200 Chiffre d’affaires en Irak : 300 millions de dollars Part de l’Irak dans le chiffre d’affaires total : NC |
L’installation de Malia Group à Bagdad remonte à 1968 : la société libanaise distribue alors en Irak des produits de la compagnie allemande Wella, spécialisée dans les cosmétiques. La vague de nationalisations des années 1970 pousse la société libanaise à se retirer prématurément, mais celle-ci revient sur le marché irakien au début des années 1990, en plein programme “pétrole contre nourriture”, pour y vendre des produits pharmaceutiques et cosmétiques. Malia Group, dirigé par Jacques Sarraf, s’implante réellement dans le pays à partir de la chute du régime de Saddam Hussein, en 2003, en créant plusieurs entités juridiques qui représentent chacun de ses différents secteurs d’activité. La société de distribution Mared est la plus importante, totalisant deux tiers du chiffre d’affaires de Malia Group en Irak, soit environ 200 millions de dollars. Mared distribue de nombreux produits de grande consommation, comme Mars, Red Bull, Bristish American Tobbaco, Haribo… « Le secteur de la consommation est en croissance permanente. C’est un marché très compétitif, nous avons poussé nos partenaires à baisser nos prix, ce qui explique notre succès. Le secteur du très bon marché est encore peu développé, alors que plus de 25 % de la population irakienne vit dans la pauvreté », affirme Chakib Chéhab, vice-président de Malia Group à l’international. Avant les combats dans le nord du pays, la société couvrait 25 000 points de vente dans tout le pays, avec près de 250 véhicules et 650 employés. Mais les affrontements armés posent d’importants problèmes logistiques à la société libanaise. La marchandise, qui provient majoritairement d’Europe a de plus en plus de difficulté à accéder à certaines régions, en particulier Bagdad. « Nos produits qui arrivaient au port turc de Mersin, transitaient par le Kurdistan puis vers Bagdad en camion et ne peuvent plus arriver dans la capitale, car les routes sont coupées dans le nord de l’Irak. Nous sommes obligés de louer des entrepôts au Kurdistan pour stocker nos marchandises .La route jordanienne, entre Aqaba et Bagdad est devenue très dangereuse depuis les combats autour de Falloujah et Ramadi », explique Chakib Chéhab. Mared possède des entrepôts à Bagdad et dispose de sept branches dans tout le pays, à Bassora, Mossoul, Erbil, Souleimaniyé, Dohouk, Kirkouk et Babel. Si la plupart fonctionnent toujours, à l’exception de celle de Mossoul qui a été fermée, une partie d’entre elles, comme à Kirkouk, manquent de stocks. Le deuxième secteur d’activité de Malia Group en Irak est la construction, avec l’entreprise Malia CTI. En 2002, la société a lancé un premier projet de réhabilitation d’un hôtel à Mossoul, puis deux autres hôtels quatre et cinq étoiles à Erbil. Actuellement, Malia CTI construit trois autres hôtels haut de gamme au Kurdistan, à Erbil et Souleimaniyé, notamment le Erbil Arjaan, qui sera géré par la chaîne Rotana. La compagnie a également construit et réhabilité plusieurs hôpitaux, et a signé plusieurs contrats avec des ministères. Deux entités juridiques séparées sont respectivement propriétaires de deux hôtels construits par le groupe : Hotelline pour l’Erbil Rotana Hotel et Towerline pour l’Erbil Arjaan. « La plupart de nos projets de construction se situent au Kurdistan et attirent des clients de tout le reste de l’Irak. Il est possible pour des sociétés étrangères d’y acheter des terrains pour construire des hôtels, ce qui n’est pas le cas pour le reste de l’Irak », explique Chakib Chéhab. Plus récemment, Malia Group s’est lancé avec sa société Mourakeb dans une autre activité : elle sert de sous-traitant à Bureau Veritas pour inspecter à la frontière irakienne les marchandises importées dans le pays à travers la Turquie et l’Iran. Mourakeb emploie une cinquantaine d’inspecteurs. Dans chacune de ses sociétés irakiennes, Malia Group fonctionne avec des partenaires différents : un homme d’affaires irakien pour Mared, et des investisseurs libanais et européens pour les autres compagnies. Le groupe a déjà investi 100 millions de dollars en Irak depuis son installation dans le pays et emploie 1 200 personnes, dont 595 au Kurdistan irakien.