Un article du Dossier

Le boom des chambres d’hôtes

Pour arriver à la maison d’hôte de Khalil Arab, baptisée al-Yasmine, il faut se perdre entre les collines d’oliviers et de chênes liège, qui marquent les paysages du Sud profond. Mais l’on pourrait bien se croire ailleurs : dans un autre sud, celui de la côte californienne. Car c’est dans un ranch que vous pénétrez quand le lourd portail de cette propriété de 1,2 hectare s’entrouvre. D’ailleurs, plusieurs des chambres, aujourd’hui en location, sont les anciennes stèles des chevaux du propriétaire, amoureux de pur-sang arabes. Au centre du domaine, un ficus géant vous accueille tandis que gambadent autour de la mare faons et flamands roses. En retrait, à l’ombre de la terrasse, une première piscine, destinée au “farniente” des familles et des enfants, a été aménagée.
On s’en doute, Khalil Arab, par ailleurs gérant et propriétaire du Palm Beach de Beyrouth, n’a guère besoin d’un revenu complémentaire pour vivre. Non, s’il a ouvert cette maison de campagne aux touristes de passage, c’est surtout par « goût de la rencontre ». L’histoire, en fait, commence il y a quatre ans. « Mes enfants venaient de moins en moins dans cette maison de campagne. Ma fille a alors suggéré de la transformer en maison d’hôte. Au début, j’étais rétif : des étrangers chez moi ? Mais ce va-et-vient a mis de la “vie dans ma vie”. Grâce à cette initiative, j’ai pu faire des rencontres formidables. » Mais il le reconnaît également : s’occuper de cette maison l’accapare parfois trop, ne lui laissant guère le temps de songer à d’autres activités sociales. Originaire de la région, Khalil Arab est attaché à cette propriété parce qu’il en a aussi été longtemps privé : après l’invasion israélienne de 1978, cette ferme est réquisitionnée par la Finul, la force d’interposition pour le Liban des Nations unies, sans son accord. Il ne pourra y remettre les pieds qu’en 1992. « Quinze ans d’occupation militaire avaient laissé de terribles séquelles. »
Reconstruit et réaménagé, le domaine accueille aujourd’hui les touristes, la plupart des Libanais, à la recherche d’un havre de paix. Un sentiment “hors du monde” qu’il cultive : il n’y a ici ni télévision ni Wi-Fi pour mieux s’extraire de bruit et de la fureur de la ville.
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