Un article du Dossier

Le boom des chambres d’hôtes

Dar el-Achrafié est niché dans une ruelle du quartier de Gemmayzé. Jamil Azar accueille les touristes de passage au dernier étage d’un bâtiment de 1929. Ce Beyrouthin de souche, propriétaire de l’appartement où sa famille a toujours vécu, propose deux chambres à louer : « J’ai voulu que cette maison reste fidèle à l’esprit dans lequel j’ai grandi avec mes frères et sœurs », assure le sexagénaire, adepte de philosophie zen et de tai-chi. « Je ne voulais toucher à rien pour que cet appartement soit le reflet de nos vies et de l’histoire libanaise. » Il a même laissé aux murs des photos de famille qui se marient bien avec la décoration orientale. Cette maison d’hôte, il faut la conseiller à ceux qui aiment le charme suranné des napperons de dentelle sur des bahuts Art déco ou des vieux tapis persans.
C’est en 2005 que Jamil Azar, créateur et designer à son compte de linge de maison et de vêtements orientaux depuis 1989, décide de se lancer dans l’accueil de touristes. Il donne un coup de peinture, change la literie et revoit la déco :
« L’appartement me semblait trop grand pour moi tout seul. Y accueillir des touristes, c’était lui redonner vie. » Le plaisir de recevoir et le succès de la chambre d’hôte ont compensé l’appréhension de vivre avec des étrangers : après celle de ses parents, Jamil Azar ouvre une deuxième chambre en 2011, celle où dormaient ses sœurs.
En moyenne, le propriétaire accueille deux à quatre personnes dans son immense appartement chaque semaine. La plupart passent moins de huit jours chez lui. Mais quoi qu’il arrive, il partage tous les matins avec eux un petit déjeuner libanais, une manière aussi de leur faire découvrir un art de vivre à la libanaise. « J’adore partager mes histoires et écouter les leurs. Je suis curieux de la culture des autres ! Parfois nous devenons même amis », se réjouit Jamil Azar.
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