Un article du Dossier

Les hôtels font de la résistance

Directrice du programme Dhiafee de l’ONG américaine Enara.
 

D.R.

En quoi consiste l’initiative Dhiafee ?

Le projet est né en 2006 avec l’objectif de créer des opportunités économiques dans les régions rurales. Nous avons identifié une demande de la part des jeunes qui voyagent sac au dos et des Européens amateurs d’expériences locales. Le problème du Liban est la taille du pays : les touristes rentrent le soir dormir à Beyrouth, ce qui ne profite pas aux régions. L’idée était donc de développer des logements alternatifs. Il en existe cinq sortes : les maisons d’hôte, les auberges de jeunesse, les petits hôtels, les campings et les couvents. La mission de Dhiafee est de mettre en réseau ces hébergements et de proposer un annuaire aux visiteurs.

Quels sont vos critères de sélection des hébergements ?

Nous avons sélectionné 30 établissements selon plusieurs critères, tels que la beauté du lieu, la taille du bâtiment (il doit proposer environ 10 lits) et le fait qu’ils doivent être gérés par une famille, sauf pour les auberges de jeunesse. Le logement n’est qu’un maillon de l’activité touristique, les hébergements sélectionnés doivent se situer dans un périmètre qui offre des activités sportives ou culturelles aux visiteurs. Nous dispensons ensuite aux propriétaires des formations de gestion et de cuisine en partenariat avec l’école hôtelière de la fondation Kafaat. Nous leur faisons également découvrir les principes du tourisme alternatif, largement méconnu dans la région. Il a fallu expliquer la tendance du retour aux sources, qui fait la part belle aux produits du terroir, à l’artisanat et aux traditions que les Libanais n’envisageaient pas comme profitables.

Quels sont vos projets ?

Notre plan initial était de mettre en place un réseau de 90 logements alternatifs. Mais l’instabilité du pays entre 2006 et 2008 a limité nos ambitions. Dhiafee a constitué 44 adresses à travers le pays. Notre prochaine étape est d’établir des critères de qualité et de classification pour professionnaliser l’activité, sur le modèle des “gîtes de France”. Nous n’acceptons donc plus de nouveaux membres tant que ces nouveaux standards ne sont pas mis en place. Un décret du 12 septembre 2011 officialise le statut de maison d’hôte, ce qui va permettre de développer ces standards de qualité avec le ministère du Tourisme. Notre seconde ambition cette année est de renforcer les liens avec les régions et les municipalités pour intégrer les hébergements dans des projets touristiques plus larges. L’objectif est à la fois de préserver l’héritage local et de promouvoir la zone. L’illustration réussie de ce modèle est la biosphère de la réserve du Chouf, qui fait profiter les villages alentours de l’activité à travers les transports, la cuisine, les logements et les guides touristiques.
 

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