Malia est l’un des plus grands groupes du Liban, pourtant son PDG, Jacques Sarraf, n’accepte d’en dévoiler ni les bénéfices, ni le chiffre d’affaires,+ ni même les effectifs. À cela, une explication : sa décision d’ouvrir le capital de l’entreprise familiale à hauteur de 25 à 35 % au 1er janvier 2011. Sarraf veut céder 10 % du capital aux employés du groupe, 15 % à ses partenaires, représentants et agents, et le reste au public, à travers une introduction en Bourse, à Beyrouth ou ailleurs, « en fonction des conditions du marché », ajoute-t-il.
La procédure de l’offre publique initiale (IPO) prévue dans trois ans est très stricte en matière de politique de communication des données financières, explique l’ancien président de l’Association des industriels. D’ici à 2011, « toute information divulguée à la presse pourrait affecter l’évaluation des actifs », affirme Jacques Sarraf. Cette opération, initialement programmée pour 2009 puis retardée en raison des événements politiques, « nous impose des contraintes ». Elles sont définies par des consultants spécialement mis à contribution par Malia pour faire les choses dans les règles. Le groupe a, par exemple, investi dans le développement des ressources humaines, aidé par le cabinet de conseil Deloitte&Touch, ainsi que dans les systèmes d’informations. Un code de bonne conduite a également été mis en place et les principes de bonne gouvernance sont en voie d’être appliqués, précise le PDG.
Outre l’intérêt « d’aligner les objectifs des salariés et des partenaires à ceux des actionnaires », l’ouverture du capital vise à injecter de l’argent pour financer l’expansion du groupe et assurer le passage de la holding familiale à la troisième génération.
L’histoire de Malia remonte à 1936, date à laquelle Jean Michel Sarraf, le père de l’actuel PDG, fonde la Pharmacie Sarraf dans le nord du Liban. Quinze ans plus tard, elle se transformera en droguerie distribuant des produits pharmaceutiques et cosmétiques dans l’ensemble du pays. En 1963, sa femme Charlotte Sarraf ouvre à son tour une société de distribution, Ch. Sarraf & Co.
En intégrant la compagnie familiale, Jacques Sarraf entame une stratégie d’expansion qui fera de Malia l’un des plus grands groupes du pays. Sa devise : la diversification, sectorielle et géographique, seule garantie face à l’instabilité du Liban. Son leitmotiv : « Saisir les opportunités là où elles se présentent », quels que soient le secteur ou le marché visés. « Chaque projet a sa logique propre », explique Jacques Sarraf, pour qui le mot-clé est la « flexibilité », comme en témoigne l’historique du groupe.
De la distribution, Malia est d’abord passé à la production de produits cosmétiques en 1982, puis pharmaceutiques cinq ans plus tard. Cosmaline produit aujourd’hui sa propre marque et effectue des opérations de remplissage pour le compte de la compagnie Procter & Gamble. De même, la société de pharmaceutiques, Pharmaline, dans laquelle le PDG va encore investir près de huit millions de dollars cette année, produit des médicaments génériques et des médicaments sous licences pour des groupes mondiaux comme Merck ou Pierre Fabre.
Cosmaline exporte aussi vers l’Europe, le Levant, l’Afrique, le Canada, la Russie et l’Ukraine, tout comme Pharmaline dont les produits sont écoulés dans le Levant, le Golfe, à Chypre et en Russie.
Parallèlement, Jacques Sarraf s’attelle à consolider la structure du groupe, dont il prend la tête en 1986. Il crée une holding avec des activités administratives centralisées au sein d’une société indépendante, Malia Trust. Le groupe compte également une entité publicitaire, Lead Advertising, et une société chargée de gérer le portefeuille immobilier du groupe, Malia Development.
Son premier projet non industriel, et à l’étranger, date de 1999. Il entreprend alors des projets de construction en Irak, à travers Malia International. Réalisant le potentiel inexploité de ce pays, Jacques Sarraf se lancera ensuite dans la distribution de produits de consommation, puis dans l’hôtellerie, avec la construction d’un hôtel à Erbil, en partenariat avec Rotana.
En même temps, il poursuit son expansion sur le marché local. Il crée une société de solutions technologiques, Malia Tec, puis prend en charge la commercialisation des marques de cigarettes de la compagnie BAT, tout en continuant à développer le portefeuille de marques distribuées par le groupe. Malia Group devient aussi actionnaire de Sannine en 2005.
En 2004, il opère un nouveau changement de cap et investit dans le secteur de la mode au Liban. Euroline devient ainsi le distributeur de la marque italienne Paul and Shark. Quatre ans plus tard, il confirme son intérêt pour la mode en créant MMB, une joint-venture avec la marque italienne Mariella Burani.
Cette année, Jacques Sarraf a fondé aussi une société de distribution de produits de consommation en Syrie, Syrmadi, en misant sur la “synergie territoriale”. Deux compagnies similaires devraient voir le jour d’ici à la fin de 2008 en Jordanie et en Égypte. Pour lui, les pays du Levant sont une continuation naturelle du marché libanais, contrairement aux pays du Golfe, où Sarraf entretient des alliances stratégiques pour exporter ses produits, mais sans y investir directement. À l’extérieur du Liban, Jacques Sarraf privilégie les partenariats, en accordant au moins 20 % des projets à des investisseurs locaux.
Au total, le groupe Malia comptera 19 sociétés fin 2008, sans parler de Natour Développement, un projet en suspens qui prévoit le développement d’un complexe touristique sur un million de mètres carrés à Enfé, dans le nord du Liban.
Les clés de la réussite, selon Jacques Sarraf : « Les systèmes, la culture d’entreprise et les ressources humaines. »
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